Hyrule à vol d'oiseau - chapitre 3 - le mont du Péril

in #rpg7 years ago

J’arrivai en terrain familier dans les montagnes Goron, elles ressemblaient à celles où j’avais grandi. Les choses se montrèrent plus intéressantes quand un rocher dévala la pente droit sur nous. A vrai dire ce n’était pas inhabituel, cela arrivait souvent depuis que nous cheminions entre les sommets escarpés. Mais ce rocher-ci était plus clair, ses contours plus réguliers, et sa trajectoire beaucoup moins chaotique, comme s’il se dirigeait consciemment. Nous nous écartâmes de justesse, et furent surpris de voir le rocher s’arrêter avant la fin de la pente, se dérouler, se mettre debout, et nous rejoindre. Nous eûmes face à nous un être imposant d’un orange-marron rocailleux, à l’aspect très robuste, mais qui ne semblait pas agressif. Il avait l’air plutôt sympathique en fait.


- Excusez-moi j’étais en plein sur ma lancée j’ai pas réussi à freiner à temps.
Je lui demandais de quelle race il était.
- Bah ! Je suis un goron ! Ça se voit non ?!
- Excusez moi je viens de loin et je n’ai jamais entendu parler des gorons.

Il accepta de nous accompagner à son village, et en chemin je l’assaillais de questions. J’appris que les gorons sont des humanoïdes à la peau rocheuse, ils sont très robustes et résistants. Mais le plus fascinant est leur régime alimentaire : ils se nourrissent de roches. Apparemment la plupart leur conviennent, mais tout comme pour les mets normaux, ils en préfèrent certaines à d’autres. Apparemment leurs préférées se trouvent dans une grotte pas loin. Sachant cela je fus étonnée de voir un carré de culture peu avant l’entrée de leur caverne, je lui demandait si il s’en nourrissait, ce qui le fit rire.
- Ah non, il vaut mieux pas essayer de manger des choux-péteurs ! Encore moins y arriver d’ailleurs. On s’en sert pour creuser des tunnels pour accéder à des veines de bons cailloux bien croustillants, on roule vite avec eux jusqu’au point d’explosion. Par contre contrairement aux bombes normales on ne décide pas quand les déclencher, elles le font toutes seules dès qu’elles sont arrachées au sol c’est pas prati…
« Euh … Comme ça ?! » j’entendis un petit « pccchhhht » à l’intérieur du chou-péteur.
« JETTE-LE ! BALANCE-LE LOIN ! » me hurla tout le monde.
En effet la bombe commençait à clignoter en rouge. Je me hâtais de m’en débarrasser, et l’explosion survint dix mètres plus loin.

Le village goron était sous terre. Nous débouchâmes dans une caverne avec un fossé en son centre qui se creusait en cercles concentriques, autour desquels plusieurs entrées s’ouvraient. Nous descendîmes jusqu’au fond et nous rencontrâmes Darunia, leur chef.
Ce goron était un peu plus grand et fort que les autres, mais surtout il avait une barbe grise, une chose plutôt rare chez ses imberbes semblables.
« Impa a dû repartir, une affaire urgente l’appelait chez nos voisins. Mais elle voudrait que vous vous occupiez de quelque chose pour nous avant de la rejoindre.»
Il semblait préoccupé.
« Un dodonguo géant occupait la caverne où nous nous nourrissons, nous empêchant d’y accéder ... Un ami est allé s’en occuper et a tué la bête. Le problème, c’est que d’autres monstres sont vite revenus, et on ne sait pas pourquoi. Nous aimerions que vous alliez voir ce qui se passe.»
Nous acceptâmes et Darunia accepta de nous équiper de bombes en échange. Mais il avait une dernière exigence.
« Link ! Viens ici fiston ! »
Un petit goron nous rejoint.
« Mon fils va vous accompagner »
« Mais papa, c’est super dangereux je veux pas me faire tuer ! »
« Link ! Il est temps que tu deviennes un vrai goron ! Tu vas les accompagner et tuer des monstres avec eux ! Tu me fais honte à être si peureux ! »
Le pauvre petit nous guida donc jusqu’à la Caverne Dodonguo.

Nous arrivâmes un peu plus en contrebas devant un trou sombre et béant dans le flanc de la montagne. L’intérieur était terriblement impressionnant : c’était une vaste cavité, une rivière de lave coulait en contrebas, et bien que nous ne voyions pas âme qui vive, des échos inquiétants ricochaient jusqu’à nous. Au fond, un immense crâne draconien ouvrait sa gueule dans laquelle un humain aurait pu rentrer tout entier sans se baisser.
Le petit Link gémit.
« Je… je … je vais pas y arriver. Je peux pas vous suivre. » sanglota-t-il.
Je m’approchait. Il me faisait pitié.
« Ce n’est pas grave, il nous faut justement quelqu’un pour monter la garde. »
« Mais… papa va être furieux que je ne combatte pas avec vous. »
« Mais non, c’est très important qu’il y ai quelqu’un pour monter la garde, comme ça on ne sera pas surpris par derrière. »
Mes compagnons acquiescèrent. Par compassion ou parce qu’ils ne voulaient pas d’un boulet dans nos pattes. Nous laissâmes le gamin derrière nous.

Je dois avouer que nous n’étions pas tout à fait sereins non plus, l’ambiance, les sons, et ce fichu crâne titanesque avait de quoi faire frissonner. Nous pouvions emprunter plusieurs tunnels, mais nous n’avions pas la moindre envie de diviser nos forces, alors nous nous concentrâmes pour détecter d’où venait l’énergie maléfique ressentie par les gorons. Évidemment, elle provenait du pire des chemins : le crâne vomissait des ondes négatives. Nous passâmes donc entre les crocs menaçant du dodonguo géant et entrâmes dans sa gueule.
Au premier regard la pièce où nous avions débouché était une grotte ordinaire. Enfin jusqu’à ce que deux guerriers lézards, tout épées et armures, surgissent de derrière des rochers pour se ruer sur nous. Nous pensions que l’avantage du nombre leur réglerait leur compte, mais il s’avérèrent plus rapides et agiles qu’ils ne le paraissaient. Ils arrivaient à esquiver nombre de nos coups, et les leurs étaient précis et puissants. Je fus soulagé quand la bataille fut terminée, et était sur le point de me réjouir quand je remarquais la mine sombre de mes compagnons. Au sol se trouvait le corps sans vie d’Isaac. Froster et Ashura me dirent qu’il s’était montré trop imprudent. Seul Aile Noire semblait peu affecté, d’ailleurs si Ashura ne l’en avait pas empêché, il aurait fouillé Isaac.

Bien qu’Isaac n’ai pas réussi son examen de Sheika, Ashura lui rendit les même honneurs, car, dit-il, il avait combattu comme tel. Dans le silence général, nous l’entendîmes murmurer des prières dans des mots mystérieux, avant qu’il ne porte son confrère dans ses bras.
Il s’approcha d’un courant de magma, et y déposa notre ami. Mon cœur se serra en le regardant s’enfoncer dans les flots incandescents. Nous ne le reverrions jamais.
Abattu, nous restâmes quelques temps, et sans soleil je ne saurais combien de minutes, d’heures nous passâmes ainsi à nous recueillir, avant de finalement nous remettre en route vers le boyau suivant. Nous avions une mission, et nous devions à notre ami de la réussir.

Nous débouchâmes dans une titanesque caverne, vide. Cela en était presque perturbant, comme si quelque chose était supposé remplir tout ce vide. Au fond, un large boyau exhalant une énergie maléfique plus forte que jamais. Le sol trembla brièvement. Puis une seconde fois. Quelque chose d’énorme se dirigeait vers nous et chacun de ses pas était un séisme. Nous nous miment en position. Et un sombre dodongo haut comme trois maisons surgit en rugissant. Son corps était hérissé de flammes noires.
Il chargea, et mon premier réflexe fut de m’envoler hors d’atteinte. Par chance il n’était pas trop rapide, et tout le monde parvint à l’esquiver. Je me chargeais de le distraire en tournoyant autour de sa tête, et pendant ce temps mes camarades lui portèrent tous les coups qu’ils pouvaient. Mais la cuirasse du monstre était insensibles à nos armes. Nous ne savions que faire, mais notre adversaire ne nous laissa pas le temps de réfléchir. Il s’enroula sur lui-même, et une boule de flammes ténébreuses géante se rua sur mes camarades. Ils s’écartèrent prestement, espérant le voir s’étourdir contre la paroi. Mais à notre stupéfaction, les flammes démoniaques semblèrent se coller à elle, et le dodongo continua sa course jusqu’au plafond ! Quand je vis sa course se ralentir au-dessus de moi, je m’éloignai juste à temps pour ne pas qu’il m’entraîne dans sa chute. Toute la caverne trembla quand il heurta brutalement le sol, et la créature elle-même gémit et resta sur le dos, complètement vulnérable.
C’est cet instant de répit qui nous permit de rapidement nous organiser pour lui porter un coup qui, cuirasse ou pas, le tuerais. Froster alluma et me confia une bombe, que j’emmenais entre mes serres jusqu’à la tête du dodongo. Là, Ashura avait profité de la faiblesse de la créature pour lui ouvrir la gueule de force, ses bras larges ouverts, et ses mains sanglantes d’empoigner les crocs acérés. Je larguais l’explosif dans la bouche béante, qu’Ashura relâcha aussitôt, juste à temps avant que la bête de retrouve ses esprits et ne commence à se relever. A peine redressé, nous entendîmes quelque chose exploser dans son estomac, et il s’écroula de nouveau, inerte.

Après un bref repos, nous pénétrâmes dans le tunnel d’où il avait surgi pour voir quelle était son origine. A par une sorte de nid, rien à signaler. Nous avions vaincu la présence maléfique de ces lieux. Du moins c’est ce que nous pensions jusqu’à ce qu’un rugissement à l’entrée du tunnel ne nous fasse nous retourner. Le roi dodongo c’était remis de son … indigestion, et il nous chargeait, pris au piège dans un cul de sac. Nous cherchâmes désespérément une issue ou cachette quelconque, mais tout ce qui semblait un tant soit peu utilisable était une grappe de choux péteurs poussant au dessus du nid. Aucune idée de si Ashura fit ce qu’il fit de manière tout à fait calculée ou en désespoir de cause, mais toujours est-il qu’il lança une pierre vers celle-ci. Cela provoqua bien entendu un éboulement faisant indistinctement chuter des rochers sur nous comme sur notre ennemi. Mais cela marcha, le bref moment où il fut étourdi par un énorme rocher nous suffit pour le contourner et nous ruer vers la sortie. Heureusement nous nous en sortîmes tous, mais méfiants, nous surveillâmes les débris fumants derrières nous, redoutant de voir le roi dodongo surgir une nouvelle fois d’entre les morts. Mais rien ne bougeait.

Quelque chose brillait entre les gravats, un éclat carmin qu’Aile Noire interpréta comme des rubis, et il s’empressa d’aller les déblayer. C’était bien mieux que cela. Des Réceptacles de Cœur. Cinq ! Nous en prîmes un chacun. C’était la première fois que j’en utilisais un, et je pensais ne jamais en avoir l’occasion de ma vie. Je ne savais pas trop comment l’utiliser, aussi j’imitais Ashura, et pressa le délicat cœur en cristal rouge contre ma poitrine, comme un être cher. Une lueur chaleureuse s’en dégagea et se répandit en moi, et l’objet entra dans ma poitrine sans causer la douleur ou cicatrice, juste un profond sentiment de bien-être. Je me sentais plus forte, et surtout en pleine forme. Les quelques séquelles de mon accident de chariots c’était évanouies.

Autre chose fut découvert : un étrange morceau de métal, plat comme une lame, mais aux bords en dents de scie. Nous le primes avec nous.
L’aura maléfique avait disparue, et un cercle magique bleu apparu au sol, comme une petite fonctaine diaphane. Un portail. Nous n’avions aucune idée d’où il allait nous mener, mais nous avions vaincu le mal rongeant cette grotte, donc plus de danger, non ? En effet, nous réapparûmes sur le flanc d’une montagne voisine.

De retour au village, Darunia remarqua l’absence d’Isaac.
« N’étiez-vous pas six ?! »
Nous lui racontâmes nos aventures dans la caverne Dodongo. Il paru sincèrement touché par notre deuil, qui vint ternir la bonne nouvelle que nous leur apportions.
« Soyez assurés que les gorons n’oublieront pas le sacrifice d’Isaac le sheika. »
« Mais n’oublions pas les vivants » reprit-il. « Pour vous témoigner notre gratitude, et vous aider dans votre voyage vers le domaine des Zoras, où vous attend Impa, vous recevrez cinquante rubis chacun. »
Aile Noire intervint. « Je me propose de conserver la part qui serait revenu à notre regretté compagnon ... »
« Quarante pour toi. »
Nous allions repartir quand Awentari se rappela du morceau de métal que nous avions trouvé. Nous en demandâmes l’origine au chef des gorons.
« Mmmh … ça m’a tout l’air d’un fragment d’épée. Mais d’une facture assez singulière, elle n’a pas été forgé par mon peuple en tout cas. Ce ne serait tout de même pas … un morceau de l’épée Minish tout de même ... »
Devant nos interrogations il expliqua :
« Il y a bien longtemps, des petites créatures, les Minish, vivaient avec les humains. Il leur firent don, dit-on, d’une lumière sacré et d’une épée. On dit de cette épée qu’elle est aussi puissante que l’épée de légende, celle qui a disparu avec le Héros du Temps il y a peu. »
« Mais je ne peux rien certifier, c’est une vieille légende, et je pense que vous devriez faire expertiser ce morceau par quelqu’un de plus érudit. Au fait, rien à voir, mais où est mon fils ? Où est Link ?»
Mince le petit !
Nous expliquâmes rapidement le rôle de Link, et tentèrent de minimiser sa couardise, mais son père n’en démordit pas.
« A son âge j’avais déjà tué mon premier dodongo ! »

En repartant vers le nord, chez les Zoras, nous fîment un crochet par l’entrée de la grotte où Link nous attendais toujours. Il fut stupéfait :
« Mais … je ne vous ai pas vu sortir ! »
« C’est une longue histoire, en fait, on est déjà allé faire un rapport à ton père. »
« Oh non il va être furieux contre moi ! »
Ashura s’accroupi à sa hauteur.
« Ne t’inquiète pas, nous lui avons expliqué du mieux que nous pouvions. Mais, en grandissant, tu apprendras que grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités.»
Un hurlement se fit entendre plus haut.
« LIIIIIINNNNNNK ! »
Ashura reprit.
« Et maintenant. Tu vas apprendre que de grandes responsabilités impliquent de grands pouvoirs. »
Et nous partîmes.

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