Un livre remis à l'Algérie sur les 2106 déportés en Nouvelle Calédonie
Un livre remis à l'Algérie sur les 2106 déportés en Nouvelle Calédonie
Le précieux livre de l'écrivain et historien Louis -José Barbaçon ,lui même descendant de familles issues de deux colonisations ," Caledoun ,histoire des Arabes et Berbères de Nouvelles Calédonie" ,dans lequel figure la liste des 2106 Algériens déportés en Nouvelle Calédonie ,avec "leurs régions d'origine , leurs âges , et la durée de la condamnation ainsi que le numéro de matricule de chacun d'eux ."
Ce livre a été remis à l'état Algérien a l'occasion de la visite d'une délégation de la nouvelle Calédonie pour la commémoration du 50eme anniversaire de l'indépendance .
" Entre 1864 et 1921 , 2106 "Arabes" pour reprendre la dénomination calédonienne ont été transportés ,déportés ou relégués en Nouvelle Calédonie ." Plus exactement ,1822 condamnés aux travaux forcés y ont été transportés ,121 y ont été déportés en tant que condamnés politiques et 163 y ont été soumis à la relégation ".
Il est évident que cette liste de 2106 déportés " ne tient pas compte des décédés en mer mais uniquement des immatriculés à la transportation ,la déportation ou la relégation ." Pour ne pas perdre les traces de ces déportés au 19 siècle ,un site leur a été consacré :
"Devoir de mémoire : Les déportés Algériens en Nouvelle Calédonie "
150e anniversaire de l'arrivée des déportés algériens en Nouvelle-Calédonie 2106 "arabes" ont été exilés en Nouvelle-Calédonie entre 1864 et 1921. La "Caledoun" fête ce samedi le 150e anniversaire de leur arrivée au bout du monde. Des Calédoniens, descendants de déportés algériens, ont fait le voyage jusqu'en Algérie pour retrouver leur famille.
La Complainte du Forçat
Très jolie complainte du prisonnier ,elle nous renseigne sur leur maccabre sejour en ce lieu sinistre .
Ô Dieu arrache-nous à cette sentence inique qu'ont prononcée contre nous les juges de France.
Que nous sommes loin des hommes qui combattaient dans l'arène et qui faisaient la guerre.
L'iniquité grandit. .. La nudité, la faim, le dur labeur sont trop lourds pour nous.
Colombe de nos qsars, je suis condamné à tort. Cet arrêté effroyable m'accable de dures épreuves.
Colombe de nos qsars, le monde subit maintenant une révolution, ce siècle est égaré et ses agissements sont funestes.
Pourquoi, ô puissants, le prisonnier est-il malmené chez vous? Toujours en labeur, il meurt de son sang ...
La justice n'est plus et le Ministre, je pense, est insouciant:
il n'a pas vu l'iniquité commise à mon égard.
Il n'a pas vu l'injustice, et cependant je suis repu d'humiliations,
on m'a mis aux pieds des chaînes de fer. Autrefois, les chefs étaient l'appui de l'opprimé, ils accordaient chaque année des grâces et n'étaient pas impitoyables aux fautes commises.
Dieu sait que beaucoup de ses créatures ont été condamnées injustement; les juges prononcent et ce sont les faux témoins qui sont cause de mon malheur.
Je passe la nuit dans l'insomnie, versant des torrents de larmes; mon cœur en révolte m'abandonne puis revient à moi.
Nous sommes condamnés, morts quoique vivants, vêtus de couleurs hideuses, nous avons la barbe rasée.
Le prisonnier a des cheveux blancs, et cependant le gardien le maltraite : du travail et des coups; enchaîné le soir, sa nuit s'écoule dans les fers.
Le prisonnier est triste, il pleure des rivières de larmes.
Il travaille nu, endurant la faim et la misère.
On nous a amenés à la Nouvelle-Calédonie sans droit ni raison.
Tel, qui était regardé comme vaillant, est ici ravalé, et il ne lui reste aucune considération.
La Nouvelle-Calédonie est pénible, elle blanchit la tête des Chrétiens et des Arabes.
Les surveillants frappent et .disent : « La loi, la voilà! ». La loi est dure.
Moi, j'implore mes seigneurs et je te demande, ô toi qui nous observe, d'exaucer mon désir.
Hélas, nous étions en Afrique, notre pays, nous faisions comme les autres :
nous nous parions de vêtements beaux et qui plaisaient.
Nous sommes maintenant accoutumés à notre sort.
Nous avons connu le Camp-Brun et connu la faim.
Le forçat a pour vêtement de la toile à sac;
quiconque le voit s'enfuit, effrayé.
Jeunes et vieux, aucun n'est rassuré.
La faim et la nudité ont eu raison de moi.
Tout le jour je demande, je demande à celui dont le pouvoir est grand de me tirer de ce péril.
Il ne reste plus de patience dans mon cœur.
Le chagrin de l'exil est pénible à supporter.
Ô Dieu, arrache-nous de cette sentence inique qu'ont prononcée contre nous les juges de France."
(Texte écrit par un condamné algérien, révélé par le docteur Djilali Sari dans un quotidien d'Alger et repris dans ‘Les Déportés algériens en Nouvelle-Calédonie, Seddik Taouti, Alger, 1997.)
Lettre à mon enfant :
Mon enfant lorsque le bateau quitta la rade d'Alger pour m'emporter dans mon lointain exil ,vers cette nouvelle terre "la Calédonie' , j' ai pleuré ma patrie l'Algérie ,que je ne reverrai plus jamais .
Je revois ta mère ,ainsi que ta grand-mère immobiles sur le port ,disputant leurs Hayks au vent ,leurs larmes coulaient à flots ,quelques gouttes se hasardaient en tombant dans le tumulte de la mer déchaînée . J' essayais d'en plonger mes doigts dans cette eau désormais sacrée pour moi.
A travers mes yeux embués ,je distinguais cette belle dame blanche ,notre Casbah ,si fière ,si triste s' éloigner à petits pas feutrés ,elle aussi emmaillotée dans son linceul , incapable de sauver ses enfants .
Mon unique regret ,c'est de ne plus entendre le chant du Muadhin , tranchant l'aube de sa voix suave et mélancolique ,tout en se mêlant dans un bel orchestre au roucoulement des mouettes ,venues dire leurs adieux aux pêcheurs .
J' avais emporté dans mes bagages ,quelques photos Aujourdhui jaunies par le passage du temps , un rameau d'Olivier ,quelques noyaux de dattiers et une poignée de terre .
Mon enfant ,cette terre que je ne verrai plus jamais ,je te la laisse en héritage .
ton père Nouvelle Calédonie ....1870
Sur les traces du passé - Les arabes de Nouvelle-Calédonie (1/2) (2/2)
fabuleux , merci
pas mal