Détour en Amérique du Sud : la der des der
Bon.
Un petit thé.
Un peu de musique.
Et je m’y mets.
Il est 17h28, j’ai repoussé l’écriture de cet article toute la journée, mais il faut que je le fasse. Ce n’est pas vraiment que je n’ai pas envie, mais je ne sais pas trop quoi dire. Pourtant je tiens à le faire, pour boucler la boucle. On va voir ce que ça donne. En plus, 17h28, on approche de plus en plus le « Il y a exactement un mois, j’atterrissais en France après exactement deux mois de voyage. » J’aime bien faire les choses avec exactitude. Alors c’est parti, on va conclure sur ce petit Détour en Amérique du Sud.
Il y a un peu plus d’un mois, j’ai parlé ici de Toro Toro, puis, mis à part une petite connerie sur les douches péruvienne et une gargantuesque connerie sur les bananiers, je n’ai plus parlé d’Amérique du Sud. Pourtant il restait des choses à dire. Pas beaucoup, mais quelque unes. Avant de réellement conclure sur ce voyage, je vais vous raconter rapidement le poulet, le trajet, le volcan et le vol.
Pour commencer, un joli chemin
1. Le poulet
Après Toro Toro, nous avons passé quelques jours à Cochabamba, puis encore quelques jours à Santa Cruz de la Sierra. N’ayant pas grand-chose à faire là-bas, je me suis un peu fait chier. Au sein de ma morosité aigüe, je ne pouvais même pas réellement penser à la suite car le spot suivant ne me vendait pas vraiment de rêve. Dans ma tête, le voyage était en quelque sorte terminé. Mais non…
Nous devions prendre un bus pour faire le trajet Santa Cruz – Sucre – Potosi – Uyuni pour aller voir le grand salar de Uyuni. Nous étions donc en train d’attendre l’heure du bus, au milieu d’un terminus rempli de boliviens, normal quoi, quand Daniel me dit :
- Je crois que la dame derrière toi a un poulet avec elle.
Je suis un peu fatigué, je me fais bouffer par les moustiques depuis deux jours, bref, je m’en fous un peu. Si la bolivienne veut manger du poulet en arrivant chez sa grande tante Rosita à Potosi, elle a ma bénédiction. Alors je lui dis :
- Je m’en fous un peu. Si la bolivienne veut manger du poulet en arrivant chez sa grande tante à Potosi, elle a ma bénédiction.
Il me répond, le regard intrigué fixé sur ce qui se passe derrière moi :
- Non, je veux dire, je crois qu’elle a un poulet vivant dans ses bagages.
- What ?
Je me retourne, oubliant mes moustiques.
Hmmm …
Whtzeudjeuboujou ça a bougé ! Y’a un poulet de là-dedans !!!!
Un peu plus tard, on verra la dite bolivienne placer son poulet dans les emplacements au-dessus de nos têtes, comme une vulgaire valise. Pauvre poulet fermier.
Poulet fermier… :’)
Allé, je donne un petit lien, c’est cadeau !
#2. Le trajet
Alors ce n’est pas le trajet, c’est LE trajet. Le plus long trajet terrestre de ma vie. Également celui sur lequel je me suis posé le plus de question, à commencer par « Comment cette dame a-t-elle eu l’idée d’emmener un poulet comme une valise ? ». Mais reprenons depuis le début.
La technique pour avoir des trajets à prix concurrentiels en Bolivie, c’est de se rendre au terminal une heure avant le départ pour acheter les billets dernières minutes. Les compagnies tentent de charger leurs bus au maximum et peuvent parfois faire des réductions allant jusqu’à 75/80%. C’est toujours rentable, et il y a toujours de la place. Quand nous avons commencé à chercher, nous savions qu’il y aurait au moins un changement à faire à Potosi, à 600 km de là, mais la question était : est-ce possible de trouver un billet qui nous conduise jusque-là, ou devrons nous changer à Sucre, à 500 km ? Au fond du terminal, nous avons trouvé une agence qui nous propose un prix correct pour Potosi, là où la plupart n’allait en fait qu’à Sucre. Parfait !
Une heure plus tard, nous quittons la ville, un poulet en cabine -j’ai peut-être fais un petit blocage sur le poulet-. Deux heures plus tard, nous nous arrêtons au bord de la route… et nous tombons en panne. On est resté troiiiiiis heeeeeuures bloqués comme des cons au bord d’une route non éclairée, dans un noir presque complet, seulement vaguement éclairé par la lumière d’une habitation. J’en connais certains ou certaines qui aurait peut-être un peu paniqué :P Depuis notre place, on voyait le chauffeur faire des aller-retours jusqu’à la maison et tenter parfois de redémarrer, sans succès. On se demandait alors, "si le bus est mort", qu’est-ce qu’on fait ? Mais nous n’avons pas eu besoin de réponse, car il a finalement redémarré et nous avons filé jusqu’à Sucre.
Nous savions que le bus passerait par cette ville dans tous les cas, mais nous avons été surpris quand on nous a demandé de descendre. Apparemment, tout le monde devait descendre pour le changement. C’est en demandant l’emplacement du prochain bus que la vérité nous est tombée dessus comme un parpaing sur un CRS. La dame nous a demandé notre ticket, que nous lui avons montré.
"Votre billet s'arrête ici."
Le billet indiquait Sucre. Le mec de Santa Cruz nous a enflé d’un trajet : il nous a dit Potosi avec un grand sourire et a écrit Sucre sur le billet.
Le gros tarba.
Après avoir maudit en plusieurs langues le petit ******** **** de **** qui nous avait fait ça, nous avons trouvé un autre bus et nous avons finit le trajet sans encombre. C’est après 24 heures de bus dans les montagnes boliviennes que nous avons posé le pied dans le petit village de Uyuni.
A côté d'Uyuni, il y a un cimetière de train. J'en parle pas, du coup je mets une petite photo parce que ça a de la gueule quand même.
#3. Le volcan
Si vous avez vu le huitième épisode de Star Wars, vous savez à peu près à quoi ressemble le grand Salar de Uyuni : la scène de la bataille finale a été tournée là-bas. En revanche, vous n’avez pas la moindre idée de ce que ça fait d’y être. C’est grisant.
Comme je le disais tantôt, pendant les quelques jours passés à glander comme un galet sur une plage de Normandie -avec les moustiques en plus-, j’avais comme une déprime de fin de voyage. Le seul réel spot qui m’attendait était Uyuni, et je m’en foutais un peu. Dans ma tête ça faisait un peu
« Un grand désert de sel, super… C’est grand, c’est blanc. Coolcoolcool… »
Alors oui, ça fait un peu ado attardé, mais j’étais jeune et con à l’époque.
Sisi…
Je vous vois attendre ma description endiablée de cette merveille de la nature. Mais je ne vais pas la faire. Je crois que c’est la troisième fois sur ce blog que je préfère ne rien dire car je ne pourrais pas poser de mots sur cette sensation. Tout ce que je peux dire, c’est que faire des photos « de touriste » comme ce qui suit, c’est en fait super fun !
Et je vais rapidement parler du volcan qui se trouve au nord du salar.
Quand on demande à une agence un parcours pour visiter ce qu’il y a à voir sur le grand salar, on est placé dans un 4x4 avec quelques étrangers ayant probablement fait une demande similaire. Nous avons donc été placé dans un 4x4 vert (je crois (non pas du tout, il était rouge)), avec Fatou, dit « Le Brexit », l’anglaise quelque peu susceptible lorsqu’il s’agit de l’avenir de son pays, et le couple Gunter&Irena, dit « Les allemands », venant tout droit de Münich (mais étant en réalité tchèque et bosnienne).
Un bonne team de vainqueur
A la fin de la première journée, le 4x4 nous a laissé dans une petite auberge, au pied d’un volcan, nous présentant sa face toute explosée. C’était vraiment très beau.
Lors du diner, nous avons convenu tout ensemble que l’idée de monter le plus haut possible pour admirer le lever de soleil semblait fabuleuse. Nous convenons donc de partir à 3 heure du matin. Le responsable de l’auberge nous avertit que les villageois du coin, habitué à faire payer les touristes pour la balade, pourrait être vexé par cette idée farfelue et prendre l’initiative de nous caillasser la tête. Nous convenons donc de partir à 3 heure du matin, discrètement.
Nous partons donc, au alentours de 3 heures du matin, aussi discrets que des nuages, éclairés d’une lampe frontale et de quatre téléphones. S’en est suivi l’une des plus belles randonnées de ma vie. Le paysage, le levé de soleil, l’air, les gens avec qui je marchais, Canigou (le chien qui a décidé de nous suivre tout le long de la marche), les lapin-kangourous que nous apercevions parmi les rochers… Huit heures de randonnées absolument parfaites.
Canigou
Canigou et moi
Pour couronner le tout, nous avons pris une bière tous les cinq avant de nous séparer : le couple a continué vers le sud du salar, tandis que nous sommes retournées, avec Fatou à Uyuni pour trouver un bus qui nous mènerait à La Paz.
4. Le vol
Après une nuit de bus, nous sommes arrivés à La Paz au alentours de 6h du matin. Cela faisait deux jours que je n’avais pas pris de douche, à cause du salar. Mes cheveux défiaient la gravité, et chacun de mes mouvements dégageaient plus de poussière qu’un pied d’Armstrong sur le sol lunaire. J’étais donc terriblement heureux de trouver une douche chez la tante de Daniel. Mais cette joie fut complètement éclipsée par celle qui m’attendait une fois séché. Le temps était bon, nous allions voler.
Pour expliquer rapidement la situation, quand nous étions passé par cet appartement, trois semaines plus tôt, Tchuki (improvisation totale de l’orthographe de son surnom), moniteur et champion national de parapente, nous proposait de voler. Mais à ce moment, le temps était mauvais. Alors que j’avais annoncé à tout mes amis
« Demain, je vole. »
Nous avions dû faire l’impasse.
En cette belle matinée post-salar, enfin propre, on n’aurait pas pu me proposer une meilleure façon de finir ce voyage en Bolivie. Une fois encore, pas de mot, quelques images.
Ah non pas d'image, je sais plus ce que j'en ai foutu... :| Bon bah à la place, je vous mets une super image rigolote d'Uyuni ! :D
Bon après ça, le dictateur en place a refusé de quitter le pouvoir comme son peuple le voulait, ce qui a provoqué un élan de manifestations dans tout le pays, nous poussant à rentrer au Pérou le plus vite possible.
Epilogue d’une aventure
Comme je le disais plus tôt, je tiens à écrire quelque chose pour conclure cette incroyable expérience, mais je ne sais vraiment pas trop quoi dire. Pourtant j’ai vécu tellement de choses ! Je pense que c’est en partie parce que j’ai déjà raconté une énorme partie ici. Une autre raison est certainement une forme de pudeur : je ne vais pas tout raconter ici, il y a des choses, des sentiments que je préfère garder pour moi, ou a raconter plus tard Et puis je l’ai beaucoup dit, il y a énormément de choses que je ne pourrais jamais transmettre au travers d’un texte.
Mais essayons. Essayons de conclure. Ce voyage a été très long pour moi. C’était la première fois que je quittais ma maison (dans laquelle je vis depuis plus de 20 ans) plus d’un mois. Par moment, ma seule envie était de rentrer, de retrouver mon neveu, ma famille, mes loisirs… Et puis mon quotidien. Celui-là, je ne penserai pas qu’il me manquerait aussi vite. Mais j’étais si heureux de le retrouver !
J’ai rencontré des gens merveilleux tout au long du voyage, du premier jour au Mexique, au presque-dernier au Pérou, et même au vrai dernier en Espagne où nous sommes passé voir la famille de Daniel. Plusieurs fois, j’ai eu une pensée pour toutes les personnes qui ne verraient jamais les paysages qui se présentaient à moi. L’océan pacifique, les défilés du jour des morts, au Mexique, la Sierra d’Amérique du Sud, le Machu Picchu, les téléphériques de la Paz, les montagnes de Toro Toro et le salar d’Uyuni qui se fait passer pour une mer de nuage quand on prend de l’altitude.
Un autre point sur lequel ce voyage m’a fait énormément de bien est la création. J’ai eu beaucoup d’excellent retour sur ce blog, et je vous en remercie. Dernièrement j’ai tenté des nouvelles choses avec les Petites histoires qui ont l’air d’avoir beaucoup plu, je vais essayer d’en faire d’autre. L’article Lima, une fiction qui se déroule dans un monde post-apocalyptique de ma création a eu également un bon accueil, ce qui me donne pas mal de motivation pour recommencer ce projet à l’arrêt depuis trop longtemps.
Mais surtout, ce voyage me donne envie de repartir. Je ne peux pas me poser maintenant. Bouger comme ça, je ne pourrais plus faire avant des années quand je serai posé quelque part avec un travail. Je remercie d’ailleurs grandement mes parents qui me permettent de laisser mes affaires chez eux le temps que je fasse ma crise existentielle aux quatre coins du monde.
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