Les Âmes Guerrières : Chapitre 1

in #ames6 years ago

(I propose you to read it by listening the song : "So human of You" from Shireen)

Les Âmes Guerrières

Chapitre I : Silence

Un souffle. C'est le premier don qui m'ait été accordé en venant dans ce monde. Et comme la première chose qui m'a été offerte, il est aussi la dernière chose que je rendrais... un jour. Il est un précieux cadeau qui m'a d'abord donné vie, puis, par la suite, qui m'aura permis de prendre la mesure de l'être que je suis, tout entier. Celui que je suis aujourd'hui, celui que j'étais hier... mais aussi celui que je serais demain, je l'espère. Un souffle... Un moment haletant dans la longue lignée des événements de ma vie. Un moment où le monde semble s'être arrêté et où, durant le seul le temps d'une respiration brève, tout bascule soudain.

C'est encore dans cet instant si particulier qu'elle m'est apparue très tôt, à peine étais-je encore enfant. Puis de nombreuses fois par la suite. Cette femme, cette autre part de moi-même, cet alter-égo que je devine exister dans ce monde. Elle est ma plus puissante fascination et mon inspiration la plus vive. Celle qui m'aura plongé dans une infinité de ses silences et de ses absences... sans jamais me quitter pour autant. Elle est une part de moi-même, forte et fragile à la fois. Elle vibre seulement dans une si parfaite harmonie avec moi que notre rencontre ne pourrait être évitée... Et le choc de nos retrouvailles... de se répercuter dans nos vies comme la fin d'une errance... et le début d'une nouvelle ère... pleine de promesses et de combats.

Je la devine. Je l'ai toujours devinée. Je l'ai toujours sentie comme une autre part de moi-même, de laquelle je ne pouvais pas me détacher sans accepter de me perdre moi-même aussitôt... et de mourir en tant que l'être que je suis. L'être que je suis... et auquel j'ai finalement aussi appris à tenir.

La route aura été longue pour la comprendre sans lui parler, la connaître sans goûter à sa présence, l'aimer... sans la voir. Mais des souvenirs d'elle me reviennent pourtant en mémoire parfois. Sa voix... Sa force... Son propre souffle de vie... Celui qui fait d'elle une femme comme aucune autre à mes yeux. Celui qui fait d'elle la personne à qui mon cœur appartient tout entier, sans que je n'aie jamais eu à la choisir... sinon à l'accepter comme une évidence dans ma propre vie, une réalité de laquelle je n'aurais jamais le courage de me détourner...


Je fais face à la nuit obscure aujourd'hui, comme j'ai fait face à mes propres démons intérieurs autrefois, ma propre nuit intérieure. Cette nuit qui s'étire devant moi à l'infini, elle est comme ce chemin qui a dessiné ma vie jusqu'ici. Un dédale de voies incertaines, de doutes, d'errances et d'incertitudes. Et pourtant, comme dans chaque nuit noire, toujours une étoile se met à briller. Elle est une rémanence d'un passé lointain qui nous éclaire pourtant vers l'avenir. Une chose que l'on serait tenté de croire éteinte, et qui a seulement pris une autre forme. Ainsi en va-t-il de ma propre histoire, aujourd'hui que j'ai pris l'apparence d'un homme dans ce monde. Un homme né du mystère originel. Ce même mystère auquel trop de monde tente de ne plus penser aujourd'hui tant il nous est insondable... celui de l'origine-même de la vie. Pourtant, penser cette vie d'homme comme un commencement de toutes les choses de ma vie me semble désormais ridicule. Comme l'étoile qui s'est éteinte autrefois, dans l'infinité de l'univers, je me suis transformé à l'heure où mon ancienne vie l'exigeait, pour devenir cet homme. Cet enfant, d'abord, qui a vécu dans l'ignorance de lui-même pendant les premières années de sa vie d'humain. Puis qui, une fois encore, parce que sa vie l'exigeait, s'est trouvé transformé. Une renaissance. Perpétuant un cycle qui semble à la fois se prolonger et qui, cependant, semble demeurer infini. Alors est apparu le jeune-homme, qui précède à l'homme et qui succéda à l'enfant. Et ce moment, je l'ai connu à l'âge de mes six années de vie terrestres, alors que, dans un Souffle, mon ignorance de moi-même fut emportée au loin par la lumière aveuglante d'une vérité qui s'imposa alors à mon esprit : j'étais Moi ! J'étais en vie ! J'étais conscience ! Je pouvais regarder de mes jeunes yeux, comprendre... et choisir désormais.

Cette épreuve, il semble que tous les hommes et toutes les femmes de cette Terre y soient un jour confrontés. Aussi, n'étais-je jamais qu'un jeune homme parmi tant d'autre. Un anonyme, pas si lointain de sa forme première, au final, si l'on oubliait un temps que j'étais alors doué de ma propre conscience de moi. Mais une chose, plus vive encore que cette nouvelle réalité, vint bouleverser ce cycle qui semble si naturel aux Hommes, pour marquer à jamais ma vie d'un destin qui semblait alors bien différent, quoi que je restasse un homme parmi les autres... en apparence tout du moins.

Aussi, dans le même élan de révélation qui m'arracha à ma propre ignorance... je la ressentis vibrer en moi pour la toute première fois. Un battement de cœur nouveau tambourinait en moi, à chaque pulsation de mon propre cœur. Quelque autre personne se trouvait désormais reliée à moi... ou peut-être l'avait-elle toujours été mais, dans mon ignorance, je ne l'avais jamais pressentie ? Toujours est-il qu'à cet instant précis, le temps d'un Souffle, le temps d'un Silence... je tombais à genoux devant cet autre mystère, cette autre réalité, qui me transperçait l'âme de part en part... sans me blesser néanmoins : Quelqu'un était étroitement lié à moi, et cela, depuis toujours... Une femme. Une Yin. Un être doué d'une grande force intérieure... et d'une grande vulnérabilité aussi. Un être qui, tout comme je l'ai été jusque-là et tout comme je le resterais encore longtemps, demeurera seule dans mon Silence, tant que celui-ci ne sera pas brisé... par ma voix d'homme. Et ainsi demeuré-je seul dans son Silence à elle... tant qu'elle ne le brisera pas... par la seule force de sa voix.

Une certitude pourtant demeure : chaque battement de mon cœur lui est destiné, chaque seconde de ma vie, chaque épreuve que je traverse. Car elle est ma plus grande inspiration. Et bien avant de la reconnaître, je la connaissais déjà, pour tout ce qu'elle m'est étroitement présente dans chaque instant de ma vie. Elle habite déjà mon cœur et mon esprit. Et où qu'elle se trouve, qui qu'elle soit, en vérité, je la trouverais. Je l'attendrais et continuerais de me laisser inspirer à devenir un homme toujours meilleur... par respect pour tout ce qu'elle a su m'inspirer... malgré son absence.

Sorcière à l'âme blanche... je l'aime déjà pour l'Éternité.